Pour un numérique d'intérêt général

"À quelles conditions le numérique peut-il servir l’intérêt général ? Ce texte propose un ensemble de critères constituant un cadre de référence (framework) nommé NIG, proposé dans sa version 1.0.

Introduction

Cette contribution à la définition d’un numérique juste s’inspire de la réflexion de Bernard Stiegler sur la technique comme pharmakôn, à la fois remède et poison. Si les technologies numériques ont contribué à des avancées significatives, notamment en ce qui concerne la production et la diffusion collaboratives de connaissances, elles sont également à l’origine de problèmes écologiques et sociétaux graves, en croissance forte. Sur le plan écologique, le secteur du numérique est responsable de 3 à 4% des émissions de gaz à effet (GES) et d’environ 2,5% de l’empreinte carbone de la France1. Sur le plan sociétal, les techniques de captologie liées au “marketing digital”, et les capitalismes de plateforme et de surveillance sont responsables d’un vol généralisé de l’attention, d’une stimulation massive de la consommation, de nouvelles formes de prolétarisation et de violations répétées des droits sociaux.

Nous refusons la posture “techno-solutionniste”, qui a fait preuve à de multiples reprises de son inanité2 et qui porte un projet politique libertarien dont la toxicité est largement documentée3,4. La question du bon dosage, que Bernard Stiegler a empruntée à Paracelse, constitue un bon point de départ. Mais pour une approche pertinente du numérique, il faut envisager la technique comme système, dans les pas de Jacques Ellul, Bernard Charbonneau, Ivan Illich ou Éric Sadin. Nous proposons, aussi concrètement que possible, une approche techno-critique du numérique comme objet politique, avec l’humble objectif de ne pas nuire.

Les six premiers chapitres définissent des critères indispensables pour un numérique d’intérêt général. Le septième chapitre synthétise ces critères en un cadre de référence, ou framework, d’ores et déjà utilisable pour l’évaluation d’objets et projets numériques, et ouvert sur de futures mises à jour. Le huitième chapitre propose des pistes de politiques publiques facilitatrices. 

1. Les effets environnementaux indirects de la numérisation, Gauthier Roussilhe

2. Notamment du fait du paradoxe de Jevons et de l’effet rebond. Voir Paradoxe de Jevons et effet rebond, Bon Pote

3. Technoféodalisme ; Critique de l'économie numérique, Cédric Durand, 2020

4. Pour tout résoudre cliquez ici ; l'aberration du solutionnisme technologique, Evgeny Morozov, 2013 "

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